L’industrie du cuir, et les marques qui l’utilisent, sont régulièrement mises en cause pour leurs responsabilités en matière de bientraitance animale et leur impact environnemental. Ayant choisi de faire du cuir la matière première principale chez ENVOL, je vous explique ici pourquoi.
 
 
La durabilité:
  
Le cuir est une matière durable par essence. Son travail est l’activité d’upcycling la plus ancienne de l’histoire humaine puisqu’il s'agit de transformer un déchet en une matière de qualité : imputrescible, résistante et polyvalente. C’est la définition même de l’économie circulaire : refabriquer une matière première à partir d’un produit, qui en soi, est inutilisable.
 
Prendre en compte le cycle de vie d’une matière est indispensable pour évaluer son impact environnemental. Chez ENVOL, nous pensons que maximiser la qualité des produits mis sur le marché pour leur éviter d’être jetés trop vite, voire d’être jetés tout court, est la clé pour minimiser notre impact sur la planète. Or la résistance du cuir est quasiment inégalable. Cette matière a traversé les âges depuis la nuit des temps; et si la majorité des produits présents sur les plateformes de seconde main est en cuir, ce n’est pas pour rien. 
  
La vision du produit que l’on défend compte pour beaucoup dans le choix des matériaux. Chez ENVOL, nous voyons le sac comme un objet chéri que l’on trimbale partout, qui vit avec nous, et que, si possible, on transmet à nos enfants un jour. Nous ne cherchons pas à créer des produits biodégradables ou compostables, au risque de compromettre leur durabilité, tout simplement parce que cela n’est pas notre rêve de vous vendre des sacs que vous mettrez au compost en fin de vie. Notre rêve à nous, c’est que vous les portiez longtemps et que vous ne les jetiez jamais. Nous avons d’ailleurs interrogé de nombreuses femmes à ce sujet, et on vous assure qu'un sac, ça ne se jette pas ! 
 
  
La bientraitance animale:
 
Le déchet que l'on transforme en cuir, c'est la peau d’un animal qui a été élevé pour sa viande, son lait ou sa laine et qui serait détruite si elle n’était pas utilisée. Malgré ce que l’on peut entendre régulièrement, personne dans le monde n’a jamais élevé un bovin pour sa peau (hors exotiques). Cette affirmation est totalement fausse, et économiquement impossible. Dans le meilleur des cas, la peau vaut maximum 10% de la valeur de l’animal; et dans au moins la moitié des cas, la peau est totalement inutilisable par les industries françaises et européennes, vendue à très bas prix et exportée vers des marchés qui fabriquent des produits entrée de gamme. Cela n’a donc aucun sens d’élever un animal pour 10% de sa valeur. 
    

Le meilleur moyen pour enrayer la souffrance animale, qui existe malheureusement partout en Europe, c’est de réduire sa consommation de viande et de lait, de favoriser l’élevage paysan au détriment de l’industriel, en choisissant d’acheter au maximum des produits en vente directe ou circuits courts issus d’exploitations biologique et plein air. Pas de boycotter le cuir.

Quant à la traçabilité des peaux, l'important en attendant qu'un système de traçabilité fiable puisse l’assurer, c’est d'utiliser des peaux en provenance d’Europe. Chez ENVOL, nous nous approvisionnons dans une tannerie italienne dont les cuirs sont certifiés LWG Gold, le plus haut niveau de certification du Leather Working Group. 

 

La protection du consommateur: 
   
Le tannage le plus utilisé dans le monde (environ 80% des cuirs tannés) se fait aux sels de chrome, métal lourd dont l’une des évolutions peut être toxique pour la santé. Il est donc contrôlé par le règlement européen REACH, qui protège le consommateur sur l'innocuité des produits et la suppression des substances dangereuses. Toutes les entreprises européennes de la tannerie mégisserie doivent produire en le respectant, et les standards appliqués sont les plus élevés au monde.
 
  

La protection des hommes et de l’environnement:

Il est essentiel de ne pas faire d’amalgame entre des pratiques qui pourraient être utilisées à l’autre bout du monde et celles qui ont cours en Europe. L’industrie du cuir génère des problèmes écologiques et humains de grande envergure parce que l’activité de tannage des peaux est extrêmement polluante si elle n’est pas encadrée. Mais ce n’est pas le cas en Europe, où une réglementation régule très strictement l’activité des tanneries, pour que le chrome soit traité et ne pollue pas l’environnement direct des tanneries ni n’empoisonne les ouvriers et les populations locales. 

 

Les matières alternatives au cuir:

Le terme de « cuir végan » ou encore « cuir végétal » est un non-sens. Le mot maroquinerie est issu du mot « maroquin », qui désigne un cuir provenant de peaux de chèvres et de boucs, dont le tannage a été inventé au Maroc. À partir du moment où on n’utilise pas la peau d’un animal, on ne peut pas parler de cuir. D’ailleurs en France, le cuir est un terme déposé. Ces formulations sont donc erronées et prêtent à confusion pour les clients.  

Nous avons vu émergé ces dernières années des matières innovantes et biosourcées, fabriquées à base de déchets végétaux organiques revalorisés, comme la pomme ou le raisin. En réalité, elles sont quasiment toutes enduites de polyuréthane, qui est un dérivé du plastique, pour une raison simple : les fibres naturelles n’ont pas la résistance suffisante pour tenir dans le temps et sans lui, elles se désagrègeraient. Or l’impact environnemental du plastique est majeur. Cette matière est mortelle pour la planète car elle se désagrège en microparticules que l’on retrouve partout : dans l’eau, dans l’air, dans la chair des animaux que nous consommons et jusque dans notre propre corps. 

Par ailleurs, la plupart d’entre elles ne sont pas soumises au même contrôle que le cuir, sur lequel un grand nombre d'analyses est pratiqué en permanence. Elles ne garantissent malheureusement pas, ni l'absence de souffrance d'autres espèces, ni un produit écologiquement vertueux.

Et finalement, les propriétés physiques de ces matières sont très en-deçà du cuir. Beaucoup moins résistantes à la déchirure, à la pliure et au frottement, et beaucoup moins souples, elles n’ont pas non plus les mêmes qualités d’imperméabilité ni de respirabilité.