En créant ENVOL, j’ai voulu penser le sac autrement, ce produit sur lequel j’ai travaillé pendant plus de dix ans. J’avais non seulement envie de le concevoir dans une démarche responsable, mais je sentais aussi que quelque chose d’autre se jouait, de l’ordre de ce que le sac, cet objet typiquement féminin, représente pour la femme justement. 

Le sociologue J-C. Kaufmann dit que nous les femmes, on se bat pour l'égalité avec les hommes, mais qu’on le paye d'un poids de l'existence qui s'incarne dans notre sac. On a plus de libertés aujourd’hui qu’à certaines périodes de l’histoire, mais aussi plus de pression. Et notre sac s’est alourdi avec notre émancipation. On court sans cesse, on a mille choses dans la tête et du coup, dans notre sac, qui est devenu le révélateur de la charge mentale qu’on porte. Il arrive qu’il nous entrave, tandis que les hommes, eux, restent légers, les mains dans les poches. Selon Bourdieu encore, le sac, tout comme la jupe, est une sorte de «corset invisible» qui impose une manière de marcher et agit comme un pense-bête rappelant aux femmes certaines injonctions paradoxales, comme celle de devoir être efficaces dans leur parcours urbain, tout en portant un sac souvent inapproprié car concentré sur son autre mission : celle de les rendre séduisantes aux yeux des autres.

Alors moi, je me suis demandé: et si on sortait de cette tension permanente entre liberté et contrainte, efficience et apparence ? Et si on reprenait le pouvoir de nos journées en étant à l’aise avec notre sac sans sacrifier notre style ? On pourrait aussi le considérer pour ce qu’il est vraiment : une arme psychologique pour nous sentir plus fortes hors de chez nous. L’essence d’ENVOL, c’est de créer des sacs qui soient réellement au service des femmes. De leur vraie vie. De leurs aspirations. Des compagnons du quotidien qui n’entravent pas leurs mouvements, qui sachent se mouvoir à leur rythme et faire corps avec elles pour leur laisser toute la place d’habiter le monde.

Pour que ce soit elles qui mènent la danse. Pour qu’elles se libèrent de leurs entraves. Qu’elles déploient leurs ailes. Qu’elles s’envolent.