Elle n’est pas tout à fait Française. Plus vraiment libanaise. Elle est en quelque sorte, une citoyenne du monde. Elle, c’est Ghada Athem. Aussi douce que puissante. Aussi lumineuse que déterminée. Unique petite fille au milieu de trois frères, Ghada nait et grandit au Liban. Bonne élève et lectrice assidue, elle comprend très vite que l’école détient les clefs de sa liberté. Lorsque la guerre éclate, elle s’expatrie en France pour commencer ses études dans le seul domaine qui pour elle, continue d’avoir du sens alors que tout s’écroule : celui de la santé. Puis la magie de la naissance la happe tout entière et elle devient gynécologue-obstétricienne, plongeant dans le même temps en plein cœur de la vie et de l’intimité des femmes et des familles.
 
Chef de service à la maternité des Bluets, puis dans l’armée, Ghada accepte finalement le rôle de chef de service de la maternité de Saint Denis. C’est à ce moment-là, lorsqu’elle se confronte aux violences faites aux femmes, exacerbées par un contexte de grande précarité, que germe l’idée d’un nouveau modèle de soins holistiques, un parcours de prise en charge globale unique en son genre et qu’elle décidera de créer elle-même en 2016, sous le nom de Maison des femmes. La Maison des femmes, c’est un modèle nouveau qui accompagne les femmes vulnérables et victimes de violences, en leur proposant des parcours de soins globaux qui n’existe nulle part ailleurs : tous les services dont elles ont besoin sont à disposition et facilement accessibles sur place : des soignants, des ostéopathes, mais aussi des policiers, des juristes, des artistes. La Maison des femmes, c’est un lieu de soins, mais dans lequel on a envie d’entrer, et dont les couleurs vives tranchent avec l’austérité de l’hôpital auquel il est accolé. La Maison des femmes, c’est un lieu tout aussi utile que l’hôpital, mais qui ne ressemble pas à un hôpital. La Maison des femmes, c’est une innovation. C’est une révolution qui met la femme au centre. Un lieu d’écoute dans lequel on s’occupe de choses dont le reste du monde se fout. Une « safe place » où la gaité, la joie et le partage font tenir debout ensemble.
 
Celle à qui la guerre dans son pays natal a donné des ailes pour la vie. Celle qui a choisi d’exercer un métier au cœur de la vie des femmes et des familles, et qui se bat pour leurs droits depuis maintenant 40 ans. Celle qui a eu à cœur de créer un endroit coloré et chaleureux dans lequel les femmes se sentiraient accueillies et écoutées. Celle qui aurait rêvée d’être Marie Curie pour révolutionner le monde, mais qui a quand même trouvé le moyen de le faire à sa manière. Ghada, l’engagée, l’endurante, la chef d’entreprise aguerrie, a accepté cette conversation avec moi.
 
Avec Ghada, on a parlé de l’indépendance économique des femmes, de leurs droits à prendre des décisions pour elles-mêmes et à disposer de leurs corps, et de leur place dans la société. On a discuté de la difficulté d’être parent, de l’école d’aujourd’hui et de l’éducation des petits garçons comme un enjeu de taille pour s’extirper du modèle patriarcal. Et puis on a aussi loué l’importance de célébrer les victoires et de faire la fête ensemble lorsqu’on est une équipe soudée.
 
Allez, c’est parti ! Avec Ghada aujourd’hui, on souffle dans vos ailes.
Alors écoutez bien attentivement. Déployez-les et envolez-vous.